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L’enseignement supérieur toujours pas à la hauteur des enjeux du handicap

Tiers-temps, ordinateur aux examens, bourse Erasmus… « J’ai dû me battre à chaque étape de mon parcours, jusqu’au master aujourd’hui, pour les obtenir. Toutes les démarches me demandent une énergie extraordinaire, c’est la double peine de mon handicap ! » Ce cri du cœur est celui de Julie (le prénom a été changé), 22 ans, née avec une paralysie cérébrale qui entrave sa mobilité et la prise de notes. Admise à l’ENS Paris-Saclay, un établissement de l’Essonne inaccessible pour elle en transports en commun, la jeune femme a opté pour le Celsa, à Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine) – son premier choix, heureusement. Actuellement à Madrid pour un semestre en Erasmus, elle découvre une ville « où tout est plus fluide pour se déplacer et accéder aux ressources pédagogiques ». Mais le prix à payer est élevé. « Mon allocation complémentaire de 250 euros par mois ne compense pas les surcoûts pour financer un logement adapté et les allers-retours en amont pour organiser ma venue. » Julie en est bien consciente : « Sans le soutien constant et l’aide financière de mes parents, rien n’aurait été possible. »
Comme la jeune femme, seulement 2 % d’étudiants sont accompagnés par les missions handicap dans l’enseignement supérieur. C’est peu, mais c’est deux fois plus qu’il y a six ans. Ils sont aussi plus nombreux à poursuivre en master et en ingénierie (+ 2,7 % depuis 2018). Mais sont-ils condamnés à le vivre en mode « parcours du combattant » ?
Les situations sont très contrastées : « J’ai vu autant de magnifiques histoires d’intégration d’étudiants concernés par le handicap que de catastrophes et de freins qui auraient dû être levés », reconnaît Laurent Champaney, directeur général des Arts et Métiers et président de la Conférence des grandes écoles (CGE), regroupant 242 structures, majoritairement publiques. Ce n’est pas faute d’efforts. La commission diversité de la CGE édite notamment un guide pour les référents handicap et propose, avec des partenaires industriels, des bourses pour la mobilité internationale. « Mais nous avons toujours l’impression d’avoir du retard pour répondre aux besoins, tant ils sont importants », regrette M. Champaney. Et pour cause : « La grande diversité des handicaps, dont beaucoup sont invisibles, ne facilite pas l’homogénéisation de la prise en charge. Et le souhait fréquent des étudiants de ne pas parler de leur situation ne nous aide pas », ajoute-t-il. Il regrette, enfin, le manque de culture inclusive de certains enseignants – « heureusement minoritaires » – et, globalement, de ressources.
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